Historique du droit d’origine

Les racines étymologiques des termes «bourgeoise et bourgeois» nous sont fournies par le mot «bourg». Ces vocables désignaient les habitants d'une cité médiévale, et il va de soi que pour ceux-ci, certains droits et devoirs se cristallisèrent au sein de cette communauté, notamment la défense et l'entraide en cas de guerre. En l'an de grâce 1528, le canton de Berne promulgua l'Edit de la réformation qui influença le développement ultérieur de l'organisation des communautés. Le devoir de l'Eglise, dans le cadre de la charité chrétienne de subvenir aux besoins des pauvres et des indigents, fut attribué aux autorités communales.

Dès l'année 1571 une série de mandats gouvernementaux oblige les communes à prendre en charge leurs pauvres. Dès le début du XVIe siècle il semble qu'un grand nombre d'étrangers aient immigré de la Souabe, de la Lombardie et du Piémont, immigration favorisée par la pénurie de travailleurs due à l'émigration croissante de mercenaires suisses. Des dispositions relatives à l'arrivée et à l'établissement furent édictées par des communautés désireuses de se protéger contre le flot des immigrants.

 

Le vieux Saint-Imier économique

Relevons le texte tiré du fascicule «Le vieux Saint-Imier économique», de Marius Fallet: 

«Ici et là une véritable xénophobie s'empare des populations autochtones. Les paroisses de Tramelan et de Saint-Imier adressent au Prince-évêque des doléances typiques à cet égard. Les étrangers disent leurs requêtes, ôtent le pain des mains des sujets par mille voies insupportables et injustes. Les sujets du prince sont hors d'état de gagner leur pauvre vie, au contraire réduits à une grande disette et pauvreté, et obligés de mendier leur pain et de sortir du pays, puisqu'ils ne trouvent plus de terre à affermer pour travailler et gagner leur vie sans être en surcharge aux personnes charitables. Les Erguéliens émigrent, les uns au Palatinat, d'autres en Lituanie, en Prusse orientale et en Allemagne en général… Les Erguéliens demandent au Prince-évêque d'interdire absolument à tous les étrangers d'acquérir de la propriété foncière en Erguël. Le 10 mars 1693 Jean-Conrad de Roggenbach édicte une ordonnance sévère frappant d'expulsion tous les étrangers ne lui prêtant pas serment; il accorde à l'Erguël le droit d'aubaine. Ces mesures inquiètent les très nombreux Neuchâtelois établis de longue date en Erguël. La même année 1693, des notables, neuchâtelois d'origine, le médecin Daniel Sandoz de La Ferrière, le futur beau-père du médecin Abram II Gagnebin, demandent la protection du gouvernement de Neuchâtel. Pour apaiser la cour de Porrentruy, ce dernier approuve le double indigénat de ses ressortissants et leur prestation du serment au Prince-évêque de Bâle.»